Ils étaient isolationnistes, répugnant à s’engager dans le conflit, à l’image de leur président. Le dimanche 7 décembre 1941, comme Franklin Roosevelt, les Américains se rendent à l’évidence : leur pays est en guerre. Précipité dans le conflit par une attaque japonaise sur la base navale de Pearl Harbour, dans l’archipel d’Hawaï, que n’a précédée aucune déclaration.
Le raid aérien au petit matin n’a duré que quelques quarts d’heure. Dans son sillage, il laisse 2 400 morts et 1 200 blessés. 188 avions sont détruits, 159 autres endommagés ; cinq bâtiments sont coulés et une quinzaine d’autres plus ou moins mal en point.
Tandis qu’hébété, « le géant » cherche à « se réveiller » pour reprendre l’expression prêtée à l’amiral en chef Yamamoto, rien n’enraye l’irrésistible guerre-éclair que déroule le Japon. L’armée impériale occupait la Mandchourie avant-guerre. Dix-huit mois lui ont suffi pour faire flotter son drapeau sur l’intégralité du sud-est asiatique, à terre comme au large, Philippines, Nouvelle-Guinée. A chaque avancée, l’occupant fait main basse sur les ressources locales pour alimenter l’économie au pays ; l’armée assure ses positions et prépare le coup d’après.
Mars 1942. La prise presque sans combat des Salomon confirme cette boulimie. Ce n’est qu’une affaire de temps: que soit construite une piste de décollage sur l’île centrale de Guadalcanal, et les Nouvelles-Hébrides (le Vanuatu d’aujourd’hui) puis la Nouvelle-Calédonie tomberont. Alors le nœud coulant sera refermé, isolant l’Australie et sa voisine néo-zélandaise de leur allié américain. Soutenus par une opinion que révolte « l’infamie » de Pearl Harbour, les Etats-Unis se sont lancés dans un contre-la-montre effréné. Leur main n’est pas si désespérée. Les quatre porte-avions de la flotte du Pacifique n’étaient pas à Pearl Harbour le dimanche maudit. Les bombes, autre miracle, ont épargné les quatre millions et demi de barils de la réserve de carburant. Et puis, et surtout, les grandes oreilles ont décrypté les codes radio de l’ennemi. Résultat : autour de l'’îlot perdu de Midway, la marine US signe un succès significatif. A coup de leurres, Yamamoto avait élaboré une offensive surprise destinée à détruire les porte-avions adverses. Au soir de l’unique journée de combats, le 5 juin 1942, les quatre porte-avions coulés sont japonais. Perdus aussi un croiseur, 322 avions et 3 500 hommes, dont une centaine de pilotes d’élite. La radio nationale ne souffle mot de l’affaire mais ce premier revers passe très mal chez les autorités militaires, exclusivement habituées aux communiqués triomphants jusqu'alors.
Huit mois précisément après Pearl Harbour, 82 navires transportant 19 000 combattants font irruption dans le Sound, le détroit de Guadalcanal. Pas plus préparée que cela mais il y a urgence, l’Amérique lance sa première offensive terrestre. Le général Vandergrift et ses Marines doivent s’emparer du bientôt aérodrome, et tenir la position en dépit du fanatisme des troupes du général Hyakutake, persuadées que mourir pour l’empereur est le destin le plus glorieux qui soit.